karoshi 3 : « boo ! » halloween in tokyo

Samedi 31 Octobre. Halloween.

Depuis déjà deux semaines, les citrouilles et les squelettes ont envahi les grands magasins de Tôkyô. Après tout, ce n'est qu'une tradition supplémentaire que les Japonais ont adoptée, un peu comme les parisiens ces dernières années. Mais il suffit de faire quelques pas dans Roppongi, ce Samedi-là, et de croiser un couple d'extra-terrestres verts aux antennes frémissantes et le sourire aux lèvres (bleues, bien sûr), pour se rendre compte qu'on prend ici Halloween au sérieux. En quelque sorte.

Pour ma part, connaissant finalement peu d'endroits où fêter l'événement, je me suis tourné vers Velfarre, la boite à la mode de Tôkyô. Pour vous donner une idée, c'est un peu Les Bains-Douches, mais sans les stars. « The leading dance scene in Tôkyô » annoncent à l'entrée (somptueuse) les oriflammes – « The deafening dance scene in Tôkyô » serait plus juste : le lendemain, j'en ai encore les oreilles qui sifflent.

A l'intérieur, une ambiance résolûment luxe, déco branchée et lumière tamisée. On monte deux étages avant de descendre au second sous-sol dans un ascenseur disco (musique et lumières qui flashent) et de débarquer dans la grande salle. Bien sûr, il est tout juste 20h30, et la soirée bat déjà son plein.

Il y a là plus de petits lapins qu'à un gala Playboy, plus d'infirmières qu'aux urgences d'un hôpital, plus de vampires qu'à un concert de Cure. Et, çà et là, des danseuses du ventre, un extraterrestre en combinaison argentée, quelques diablotines, un américain en toge antique, des robots géants, trois guerriers grecs à l'authenticité historique plus que douteuse ...

Et alors qu'au bar on fait déjà la queue pour obtenir l'un des cocktails que préparent nonchalamment les deux serveurs blasés, déguisés pour la circonstance, on se serre et s'agite sur la piste de danse. Sur la piste de danse, mais aussi autour : deux petites scènes se trouvent de chaque côté, sur lesquelles sont alignées de jeunes filles court vêtues. Trop timides pour se mêler à la foule en bas, ou désireuses de se montrer ... il ne reste plus qu'à faire son choix !

Vers 22h, premier interlude : il y a ce soir un concours du meilleur déguisement, qui est présenté par un groupe célèbre, vus les cris hystériques qui l'accueillent. Leur tenue de scène serait plutôt sobre (complet anthracite et cravate idem), s'ils ne portaient pas sur la tête une sorte d'énorme casque, en forme de flan caramélisé renversé. L'un d'eux, d'ailleurs, est entamé, portant la marque d'un coup de cuillère.

(Euh ... il y a vraiment des moments où la réalité dépasse la fiction, et où les mots ne suffisent plus. Je ne peux donc que vous renvoyer aux photos qui, j'espère, apporteront quelque crédit à ces descriptions dignes de Marco Polo.)

Première sélection donc, parmi les nombreux costumés du soir, de cinq candidats par catégorie, allant du « Déguisement le plus sexy » au « Déguisement le plus effrayant » en passant par le « plus ressemblant à un personnage de dessin animé » et le « plus bizarre ». Une cinquantaine de participants se retrouve donc sur scène, et la soirée reprend de plus belle.

23h30, heure du verdict : les quelques élus vont chacun empocher 100 000 yens, soit un peu plus de 5 000 francs. Les deux « têtes de flan » sont de retour pour décerner les prix, et pour finir, une jeune femme d'une vingtaine d'années avec une voix de gamine va presque déclencher une émeute lorsqu'elle viendra remettre le grand prix. J'en déduis sans peine qu'il s'agit d'une de ces idoru, les idoles cathodiques que les fans pourchassent de publicité en sitcom en émission de variété, collectionnant leurs singles et les coupures de presse. Après un bref discours entrecoupé de petits rires énervants, quelques rapides poignées de main, la demoiselle s'éclipse et les esprits se calment.

23h45, la musique reprend ses droits, la scène est escamotée rapidement, on tente d'obtenir un dernier verre au bar qui va bientôt fermer, et on retourne danser. La salle commence un peu à se vider, il est presque 1h du matin, mais ce soir Tokyo fait la fête.