karoshi 25 : la vie en rose ?

« L'Empire du Soleil Levant », qu'ils disaient ... un soleil rougeoyant, émergeant de l'horizon de l'Océan comme un Dieu chaque jour ressuscité. C'est joli, non ? Poétique, vous ne trouvez pas ? Et bien, je peux vous dire qu'en ce moment, à Tokyo, le soleil est tout sauf poétique. La chaleur s'est abattue sur la ville comme une chappe de plomb, et dès le petit matin l'air est lourd et poisseux, l'on transpire et l'on étouffe ... et dire que nous ne sommes que début Juin ! Et joyeuseté supplémentaire, la saison des pluies devrait débarquer la semaine prochaine ... J'en frémis d'avance.

A la lueur de ces considérations météorologiques, d'aucuns pourraient s'interroger sur le masochisme dont je semble faire preuve, à demeurer dans un pays où les conditions de vie sont décidément en dessous de tout – karoshi reports à l'appui. La réalité est (heureusement) bien différente, si l'on passe sur les menus désagréments que peuvent occasionner la barrière de la langue ou les chocs culturels.

Car si les chocs sont nombreux, ils ne sont pas tous en défaveur des Japonais, et si un esprit un tant soit peu sarcastique peut trouver à redire sur beaucoup de choses, il faut bien avouer qu'il est rare que l'on ne puisse pas y trouver de point positif.

Alors, oui, tous les matins ou presque, des montagnes de sacs poubelles manquent de s'effondrer sur le passant imprudent, quand elles ne sont pas la proie des corbeaux qui se font un plaisir de redécorer les trottoirs avec leur contenu.

Oui, mais. Mais une fois les éboueurs passés, il faut bien reconnaître que les rues sont souvent vierges de mégots et autres papiers gras, et que, contrairement à Paris, on peut les arpenter les yeux fermés sans craindre de mettre le pied dans quelque déchêt d'origine canine.

Alors, oui, les Japonais n'ont toujours pas inventé le chèque ni la carte bleue pratique, et leurs distributeurs automatiques ont des horaires d'ouverture qui feraient rêver plus d'un partisan de la réduction du temps de travail.

Oui, mais. Mais une fois que vous avez réussi à retirer votre épaisse liasse de billets, vous pouvez vous promener sans crainte dans la capitale la plus sûre du monde, une ville où les gens laissent leur sac à main pour réserver une table avant d'aller passer leur commande au McDonald's.

Alors, oui, la cuisine Japonaise fait échouer dans votre assiette des créatures avec beaucoup trop de tentacules qui vous regardent d'un drôle d'air alors que vous essayez vainement de les attraper avec vos baguettes (vous êtes sûr qu'il est assez cuit ? Je suis presque certain qu'il vient de bouger, là ...).

Oui, mais. Mais une fois repérées les substances dangereuses et les plats à éviter, on découvre que Tokyo est le Paradis du célibataire aux aptitudes culinaires limitées, en cela qu'il y a des dizaines et des dizaines de petits restaurants où l'on peut manger bien et pas cher – une bonne alternative au McDonald's mentionné plus haut.

Alors, oui, le système d'écriture Japonais est d'une simplicité telle qu'il faut une dizaine d'années aux autochtones pour réussir à le maîtriser, faisant le désespoir des étrangers – tous des Champollion en puissance, attendant un éclair de génie pour pouvoir, peut-être un jour, comprendre et lire.

Oui, mais. Mais une fois acheté un livre ou une revue (format annuaire parisien) pour trois fois rien, c'est ... toujours l'incompréhension qui vous attend. Là, pas de chance, on est toujours à admirer les jolies images, en réussissant à grappiller un mot par-ci par-là, rien de plus. On ne peut pas gagner à tous les coups ...

Alors, non, le tableau n'est pas si noir que ça. Et si, vraiment, il faut bien reconnaître qu'il n'y a rien de passionnant à la télévision, ce n'est pas si grave que ça. Dehors, il fait beau, et les mini-jupes fleurissent ...